Valérie Simonnet

''ESCAPE GAME''

Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans

Valerie Simonnet 1 Les Photographiques

Dans 30 ans les baobabs auront disparu, moi aussi.
Cette convergence des fins rend chacune plus sensible, de se réanimer l’une l’autre dans le quotidien. Saisir ce qui s’effondre à l’intérieur comme à l’extérieur puisque c’est la même chose. Saisir ce qui résiste, cette part empêchée, maltraitée du vivant en l’homme, celle qui s’affirme malgré tout et tente de trouver la sortie, une échappatoire, le plus souvent dans l’art. La presque totalité de ces images est prise dans des oeuvres ou des lieux de culture, ambigüité et réflexion sur le réel et sa représentation. Théâtralisation de la vie ou réalisme d’un spectacle qui dit la vérité. Pas de mise en scène juste l’alignement d’un instant et d’une émotion qui lui préexiste. Instants éphémères de revendication ou de fuite des sujets dans un univers au destin puissamment contraint. Exercice de liberté dans le refus des cohérences vrai/faux, couleur/noir et blanc surtout quand il est esthétisant et viserait à adoucir le propos par la distance. Dialogue assumé des faux monochromes et des vrais noirs et blancs afin de souligner et redoubler l’inquiétude sur le réel.
Cette sélection est un extrait d’un ensemble plus que d’une série, chaque instantané se voulant l’expression globale et définitive d’une sensation qui pourtant se répète.

Valérie Simonnet
Sur une proposition de Corridor Elephant

Valérie Simonnet. Je crois que nous ne voyons que ce que nous sommes et qu’on ne peut donc jamais photographier que soi. Je ne crois pas à l’objectivité photographique pas plus qu’à celle du roman et le réalisme photographique me semble un écueil ou une merveilleuse fausse piste pour raconter des histoires. Pour reprendre la citation de Cocteau, la photographie est un mensonge qui dit la vérité. La vérité que je tente d’approcher n’est assurément pas celle du monde mais beaucoup plus modestement la mienne. On a qualifié mes images de paysages intérieurs et c’est probablement la définition que je préfère de mon travail. Chaque image n’a d’autre finalité que de tenter de faire passer, d’amener sous mes yeux une émotion, une pensée, un sentiment intérieur. La seule vérité que je recherche est une justesse par rapport à moi. Ne pas tricher avec ce que l’on est, c’est déjà une aventure plus que difficile et qui curieusement permet d’aller à la rencontre des autres. Plus on dit vrai sur soi dans une singularité sincère, plus on va profond et plus on accède à une sorte de vérité commune. Curieusement, ma démarche photographique est très peu construite, très peu volontariste, très peu mise en scène. Je me suis rendue compte que la justesse s’atteignait plus volontiers dans une sorte d’abandon de la volonté, dans une passivité du cortex, dans une submersion de la vision. Merveilleux mot que vision qui désigne à la fois ce qui est, ce qui se présente à l’œil et ce qui n’est pas, ce qui est pure imagination. Ce que je vois est donc ce que je suis.