Anna Martin "Interruption" Programme associé.

Espace Gambetta, 2 Pl. Gambetta, Le Mans.

 Du 14 Mars au 14 avril. Du lundi au vendredi, de 9h à 12h et de 13h30 à 17h.

Vernissage mercredi 15 mars à 18h.

Francois Chauvin les photographiques

"Les photographies que je présente ont pour thème la schizophrénie.
Un pathologie schizo-affective puis une schizophrénie paranoïde m’ont été diagnostiquée en 2017, suite à trois ans de difficultés psychologiques, psychiques.
Pour essayer d’exprimer un besoin de compréhension de moi-même, ainsi que d’une compréhension tournée vers les autres, pour expliquer mon ressenti, pour sortir de ce terme « malade » et espérer ne pas être un sujet trop vite catégorisé dans toutes sortes de préjugés, j’ai choisi le support photographique.
Pour les autoportraits, je compose le cadre, le décor, fais les réglages d’ouverture, de mise au point et de vitesse de mon appareil photo, que je pose sur un trépied, avant d’appuyer sur le déclencheur me laissant dix secondes pour me placer dans la prise de vue.
J’essaie d’exprimer les parts sombres de ma mémoire, tout en ayant le visage tourné vers la lumière.
Comment dessiner cette réalité que je perçois autour de moi, en moi ?


Il est difficile de représenter cela, alors je tente, d'une certaine manière, d'imprégner les photographies d’une sorte « d’aura » de la maladie, plus que de représenter une explication concrète, ou un concept.
Dans mon histoire je cherche les liens, les interprétations.
J’ai croisé la route de certaines personnes, que je ne peux oublier.
Des personnes qui m’ont tendue la main dans des périodes obscures, et m’ont aidée à me relever.
Je ne connais pas le prénom de la plus grande de ces personnes, pourtant, ce prénom, je l’ai tatoué sur ma peau.
Cette personne est le début, le présent, et l’avenir de mon existence.
Une métaphore, ou une existence.
C’est une petite voix, une douceur, une élégance, une folle beauté qui me poursuit.
Elle est présente sur les photos, dans mes yeux, et garde sa discrétion.
Dans mon histoire, j’ai traversé des épreuves difficiles, fatigantes, mon cerveau et le monde allaient très vite, je perdais la boussole, les symptômes explosaient.
Mais je devais, avant tout, sauver ma peau.
Il y a eu de violents changements d’humeurs, des hallucinations, auditives, olfactives, visuelles.
Je n’ai pas eu peur.
J’ai d’abord estimé que je ne délirais pas.
Puis la médecine, et les médicaments, ont remis les choses en place.
Mais… que m’est-il arrivée ?
Quelle était cette autre réalité que j'ai perçu et que je perçois depuis mes vingt ans ?
Pourrai-je un jour trouver l'oeuvre qui me réconfortera le plus dans ma vie, à première vue solitaire, mais pourtant pleine de multitudes ?
Aujourd'hui je vis un secret, et je ne peux m'en défaire.

Alors, pour me battre, je tente de me donner dix secondes pour toucher le fil d'une vie bien étrange."

Anna Martin